à méditer ...

merci a béa d'avoir écrit ce magnifique texte

je vous laisse le lire et méditer ...

Il était une fois un modeste et humble artisan qui travaillait dur et avançait tranquillement sur le petit chemin qu’il s’était choisi. Dès son berceau, une heureuse fée avait glissé de l’or dans ses doigts .

Son travail et son ingéniosité faisaient l’admiration de tous aux quatre coins de la contrée. Quelques envieux aussi bien sûr, mais il ne s’en souciait guère : il mettait en toute simplicité son talent au service du bel ouvrage et n’hésitait pas à partager son savoir faire. Il était non seulement admiré mais également respecté de tous. Ses disciples appréciaient sa bonne humeur, sa discrétion et sa générosité. Celle-ci était sans limites mais aucun ne songeait à en abuser . Certains parfois étaient fort indisciplinés ; d’un trait d’humour et l’oeil pétillant, il les ramenait vite dans le droit chemin et il n’était pas rare que les fous rires accompagnent leur travail. De nouveauté en nouveauté, chacun progressait au fil du temps et chacun lui en était reconnaissant , réalisant fort bien ce que la main du maître insufflait .dans leur besogne respective.

Mais un jour ….. notre petit artisan fut prévenu qu’une étrange affiche fleurissait sur les murs du royaume : son travail y était outrageusement exposé à des fins de négoce, sans qu’en aucune manière son nom ne fut mentionné ! Fort peiné, il tenta de comprendre cette erreur et manifesta un brin d’agacement lorsqu’il se rendit compte que c’était un de ses apprentis qui avait eu l’audace d’agir ainsi. Le peuple s’empara de l’histoire : certains prirent parti pour l’un, pour l’autre, d’autres eurent la sagesse de garder silence mais tous suivirent, avides de sang ou chagrinés, ce nouveau feuilleton qui s’offrait à eux. L’affiche fut retirée. L’affaire semblait close.

C’était sans compter sur l’esprit malin qui lui aussi suivait de près la question !

Quelques jours plus tard, un nouvel article parut dans la presse du pays : l’apprenti maladroit réitérait sa mauvaise foi et appelait sa cour à la rescousse ! Oh certes, cette fois, il présentait son propre travail mais peu se laissèrent duper ! C’est alors que les foules se déchaînèrent : incohérences, mensonges, attaques gratuites, arguments fallacieux, tout le vocabulaire haineux se déversa sur notre malheureux artisan qui, par la magie de la bêtise des hommes, de victime devint bourreau soumis à la vindicte humaine ! Même les éléments naturels s’y mirent : tempête, neige, rien ne l’épargna !

Grande fut sa peine ! Ses fidèles disciples témoignèrent bien sûr de leur amitié et de leur soutien indéfectible. Cependant son chagrin était tel qu’il réfléchit longuement à son humble destinée que la méchanceté voulait briser !

Les temps passèrent ! Le coeur serré, mais en brave petit soldat, notre petit artisan continua son travail, soutenu par ses plus proches amis de coeur . Peu à peu le sourire revint et fleurirent à nouveau à travers le pays ses magnifiques travaux . L’admiration éclata en pleine lumière et nombreux furent ceux qui regrettèrent leurs discours de jadis .

Quant à l’apprenti indélicat, après quelques heures de gloire, il se vit délaissé par tous ceux qui , dans l’ignorance, étaient entrés tête baissée dans l’arène, et jamais son talent, qui pourtant ne demandait qu’à s’épanouir, ne put atteindre la reconnaissance du peuple .

“TOUT VAINQUEUR INSOLENT À SA PERTE TRAVAILLE”

(J. de La Fontaine.)